Ceux qui restent: Young-adult Fantastique (French Edition) by Sophie Castillo

Ceux qui restent: Young-adult Fantastique (French Edition) by Sophie Castillo

Auteur:Sophie Castillo [Castillo, Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2021-11-25T23:00:00+00:00


23

Je manque de le lâcher de surprise, mais je tiens bon.

Aucun réseau. J’essaie quand même, tant pis. L’icône rouge de la batterie clignote et me fous un stress supplémentaire. Les doigts tremblants, j’appuie sur le raccourci qui me permet d’appeler Noah et porte le téléphone à mon oreille.

Rien.

Je regarde l’écran vide. Réitère.

Mon cœur loupe un battement quand j’entends la première tonalité et j’en pleure presque de soulagement. Un soulagement furtif, parce que la batterie se coupe.

— Mais tu te fous de moi !

Je me retiens de jeter le téléphone contre le mur, manquerait plus que ça. Je me contente de taper du poing contre la baignoire et essaie de le rallumer.

En vain. Comme s’il était mort après avoir donné sa dernière parole, j’ai envie de lui défoncer les soudures.

Ne pète pas les plombs maintenant.

— OK, je te laisse une chance. Je me lave, je m’habille, je nettoie et quand j’ai fini, tu as intérêt à fonctionner.

Je ne pense pas que ma menace puisse impressionner des circuits imprimés, mais à moi, elle me fait du bien.

Je me fais violence pour sortir de la salle de bain.

Aucune ombre tueuse à l’horizon, alors je me dépêche de récupérer des fringues et ouvre tout pour aérer.

Comme on ne peut plus utiliser les lavabos ni la baignoire, je gaspille un tout petit peu d’eau de source pour me débarbouiller et faire le minimum syndical, histoire de m’épargner les joyeusetés du style démangeaisons, infections, etc....

Je dois sentir le vieux phoque à force et en changeant de vêtements, j’ai l’impression d’enfiler une nouvelle peau. J’ose à peine me regarder dans le miroir, la dernière fois que je me suis vue, c’était avec Noah.

Je ravale un sanglot, secoue la tête. Plus j’y réfléchis, plus j’oscille entre trouver sa démarche débile ou courageuse. Débile de partir tout seul sans rien me dire, courageux de s’aventurer dehors avec tout ce que ça implique.

Des débris énormes, de l’eau, des corps, peut-être. Va savoir ce que Gordon aura ramené avec lui.

Je sais combien ça le travaillait qu’on soit loin de tout avec si peu de chance qu’on vienne nous chercher, sans compter le côté « maison plus habitée depuis des années ». Il a sans doute pensé qu’ainsi, je n’aurais pas peur.

Raté.

Je me redresse.

Les marches craquent, je me précipite.

La maison est vide.

J’entends d’autres craquements et je comprends tout juste qu’elle joue avec ses os. Le bois doit sacrément travailler avec toute cette humidité.

Je suis toujours toute seule.

N’y pense pas, nettoie.

On dirait un slogan des années 1950.

Je décide de commencer par la cuisine, histoire que la bouffe soit conservée dans un environnement un minimum sain.

Le brouillard s’est épaissi, il recouvre les chênes du fond. Plus de doute, maintenant. C’est bien ça que j’ai vu. Entre la panique, la nuit et la pluie, j’ai vrillé. Tu m’étonnes. Les voir décharnés dans cette ambiance ultra glauque m’arrache un frisson, et je me détourne.

Foulard, bassine, pelle. C’est parti.

J’ouvre en grand la porte-fenêtre, c’est encore le plus près pour se débarrasser de la vase et je me mets au travail.



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